jeudi 31 mars 2011
Mon discours à la séance publique du 31 mars 2011
"Séance publique de droit du 31 mars 2011
Mesdames, Messieurs mes collègues
Mesdames, Messieurs du public
Mesdames, Messieurs les journalistes
En 2008, à peu près à cette même date, le 20 mars, j’ai assumé, en tant que doyen d’âge la présidence de cette assemblée pendant quelques instants.
Et oui ! cela était déjà le cas en 2008 !
Aujourd’hui, contrairement à ce que je pensais alors, je me retrouve dans la même situation et j’en reste encore tout étonnée, n’ayant jamais eu le projet de faire carrière en tant que doyen d’âge…
Mes amis socialistes, dans une louable intention, m’ont vivement incitée à me représenter, et je ne refuse jamais rien à mes amis politiques.
Les électeurs du canton de Saint-Fons ont bien voulu, ensuite, m’honorer de leur confiance en m’élisant à nouveau, malgré mon âge respectable, ou à cause de mon âge avancé…Qui peut le dire ?
Pendant des décennies les anciens étaient considérés comme des sages et leurs avis étaient respectés.
Les électeurs ont peut-être envie, en cette période de crise de confiance, d’avoir des élu(e)s qui ne risquent plus d’être atteints par une soif inextinguible de pouvoir et qui travaillent pour le bien commun sans en faire un étalage éhonté ou une publicité tapageuse ? Qui peut le savoir ?
Bien évidemment, j’aurais préféré être assise dans ce fauteuil en reconnaissance de mes mérites, réels ou supposés, plutôt qu’en raison de ma date de naissance.
Il en est ainsi aujourd’hui pour quelques instants afin de faire procéder à l’élection du président.
Mais Il aurait pu, tout aussi bien, en être ainsi pour quelques années et j’aurais été au-dessus de la mêlée, un sage sous l’arbre à palabres…
Ce n’était pas mon ambition personnelle et je ne suis donc pas frustrée.
J’ai même un sujet de satisfaction, rien qu’un seul, mais quand même !
Le 24 mars 1982, Madame Philomène Magnin occupait cette même place ici pour faire procéder à l’élection du président et elle se déclarait dans son intervention, heureuse de voir le groupe féminin passer de 2 à 3 au sein d’une assemblée départementale forte, alors de 47 membres.
En 2008, grâce à la Gauche nous étions 9 femmes : 6 socialistes, 1 communiste, 1 centriste, 1 UMP. Aujourd’hui, l’opposition fait entrer 3 femmes de plus et la majorité départementale, aucune...Nous voilà 12 : Nous atteignons des sommets : 12/54 = 22,22% . Du jamais vu ici.
Mais alors que l’opposition frôle la parité, la majorité ne compte toujours que 2 élues femmes ! Cela vous fera drôle ,si un jour, c’est un scrutin de liste qu’il vous faudrait assumer avec l’obligation de parité...
A ce sujet de sexe féminin et d’âge, je ne résiste pas au plaisir de vous livrer une déclaration de madame Eva Joly que je fais mienne : « peut-être les femmes ont-elles besoin de voir que la vie n’est pas finie quand le pouvoir de séduction n’est plus là. Dans une société de consommation qui privilégie les jeunes, mon action (c’est toujours Eva Joly qui parle) mon action peut s’intituler « anti-discrimination de la femme ménopausée »
J’ai dit il y a un instant que je ne me sentais pas frustrée par cette élection cantonale.
C’est exact, je ne suis pas frustée, je suis blessée, profondément blessée, par bien autre chose qu’une place, seulement très temporaire dans un fauteuil présidentiel.
En 2008, dans mon intervention, j’avais donné dans ces termes mon sentiment sur cette assemblée :
« Monsieur le Président Mercier se plaît à dire que dans cette Assemblée règne un esprit de cohésion, de respect mutuel, car chacun d’entre nous a été élu sur son nom et sur son appartenance politique et qu’il n’y a pas ici de candidats battus malheureux puisque nous avons tous été élus dans des cantons différents ».
Je partageais alors cette vision d’une Assemblée Départementale au sein de laquelle les positions différentes entre la majorité et l’opposition pouvaient donner lieu parfois à des débats houleux et véhéments mais ne dépassaient jamais le seuil de l’intolérable.
Je ne parle ici qu’en mon nom mais je le dis avec force : pour moi le seuil de l’intolérable vient d’être dépassé et rien ne pourra jamais plus être comme avant dans nos relations.
Je me refuse à admettre qu’à l’exception remarquée des radicaux valoisiens, des responsables politiques qui se disent des démocrates, souvent chrétiens de surcroît, aient pu déclarer entre les deux tours de cette élection cantonale en guise de consigne de vote « ni P.S. ni F.N. »
Je trouve intolérable d’avoir été mise « dans le même sac » que le F.N.
Oui, je suis blessée, profondément blessée.
Comme nous, dans l’opposition, sommes de vrais démocrates, il est bien évident que nous allons, comme toujours, être dans une opposition constructive. Nous sommes conscients de l’importance des compétences du Conseil général et nous ferons tout pour vous amener à faire plus et mieux dans le domaine du social qui est notre compétence première.
Ce sera particulièrement vrai en ce qui concerne le domaine du handicap qui nous a été transféré avec la loi du 11 février 2005. En effet, malgré tous les efforts des personnels à la MDPH et dans les MDR ainsi que la très forte implication des élus et des associations, les dossiers ont une durée de traitement beaucoup trop longue et les personnes handicapées et leurs familles souffrent. Nous avons sans cesse demandé que le personnel en charge du handicap soit augmenté, ce n’est que comme cela que nous pourrons progresser : les efforts de tous ne peuvent suffire, le personnel n’est pas assez nombreux, c’est une évidence.
En ce moment solennel il n’est pas coutume de traiter d’un problème en particulier, je le sais, mais je passe outre : les personnes handicapées et leurs familles nécessitent cette dérogation à la règle.
S’agissant du personnel départemental, nous avons la chance d’avoir, à tous les niveaux et dans tous les domaines des hommes et des femmes responsables, compétents, avec un grand sens de leurs responsabilités. Dans ce domaine aussi nous ferons tout pour vous amener à plus de dialogue avec eux, à mieux les écouter, eux qui sont sur le terrain, face aux habitants qui souffrent.
Les électeurs nous ont lancé un SOS. A nous de les entendre et de leur répondre en alliant nos forces, conscients de nos responsabilités, avec nos différences mais aussi, nous en sommes certains en ce qui nous concerne et nous l’espérons en ce qui vous concerne, avec la volonté d’agir dans l’intérêt général.
Vous auriez peut-être, sans doute même, pour certains, préféré une intervention plus traditionnelle et « plus langue de bois » mais le moment est trop grave et la désespérance des français vient de se manifester de façon trop forte.
Nous allons travailler tous ensemble et, vous le savez très bien, l’opposition travaille autant et souvent davantage que la majorité dite départementale.
Soyons tous dignes de la confiance que nous ont montrée les électeurs qui ne se sont pas réfugiés dans l’abstention ou dans les extrêmes.
C’est le message de la doyenne d’âge que je suis et qui est sensée être la plus sage d’entre nous.
Je vous remercie de votre attention."
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
BRAVO Madame Vottero ! ça c'est bien dit !
RépondreSupprimerSUPER SUPER SUPER !
RépondreSupprimerMerci
RépondreSupprimer